Gassin hier

LE BLASON

Les armes de Gassin, « d’Azur à un château donjonné de trois tours d’argent, maçonné de sable », attestent qu’une partie de son histoire fut liée à celle de la famille Castellane-Saint Jeurs qui furent les seigneurs de Gassin et dont la devise était :

« May d’honour que d’honours » qui peut se traduire par « mieux vaut l’honneur que les honneurs ».

ORIGINE DU NOM

Les premières traces écrites faisant état de GASSIN ou plutôt GARCIN remontent à 1234 – 1235.
Il n’y a rien dans le cartulaire de l’Abbaye de SAINT VICTOR relatif au village. Par contre, on peut y lire :

  • ARNULFUS DE GARCINO
  • AICARDUS DE GARCIN (Carta 144 – 14 August 1097)
  • GAUFRIDI DE GARCI (Carta 969 – 22 Febr 1154)
  • GUILELMUS GARCINUS (Carta 1102 – 11 Jul 1124)

Cependant ces noms ne désignent pas forcément des personnes natives du lieu même de GARCIN, de notre GASSIN.
Dans les extraits des « STATUTS DE LA BAILIE DE FREJUS » dont l’original se trouve aux archives des B.D.R. – B 326 – scellé sur flocs de soie rouge et bleue, on découvre

« Item, CASTRUM DE GARCINO cum SANT TROPES unum militem cum equo armato et unum militem non cum equo armato »

La graphie GARCIN est restée longtemps celle du nom du village jusqu’aux alentours de 1750 environ.

Est-ce une faute typographique ?
Est-ce une faute de quelque desservant ou curé vicaire tenant le registre de Catholicité ?
Toujours est-il que l’écriture actuelle de Gassin ne remonte pas très loin.

Certains ont tenté de voir dans GASSIN, GARDIA SINUS : la Gardienne du Golfe en se basant sur le libellé actuel du nom du village mais, c’est l’ancien libellé qui doit servir à en rechercher l’origine.

D’après Charles ROSTAING dans son « essai sur la toponymie de la Provence », GARCIN serait d’origine pré-indo-européenne.

Il semblerait que l’on puisse envisager une origine ligure dont le langage supposé aurait pu être mêlé à des mots d’origine méditerranéenne (pré-indo-européen). La racine KAR signifiant pierre perchée.

Alors pourquoi ne pas faire la relation entre le phonème KAR et la 1° syllabe GAR.

La racine SED-SEN a plusieurs interprétations selon sa place : siège, colline, bâti sur un rocher, etc… suivant son assimilation à une autre racine alors pourquoi ne pas extrapoler et poser la question :
KAR…SEN – GAR…SIN – GASSIN ???

Il n’est pas extravagant d’envisager que GASSIN est la déformation phonétique de KAR (Pierre) SEN (bâti sur) car quel lieu est plus pierreux que l’éperon rocheux sur lequel est accroché GASSIN ?

HISTOIRE

Ses premiers habitants, établis dans la plaine, ont obéi aux réflexes salvateurs.
Pour éviter les invasions, les épidémies, les guerres de religion, pour trouver l’eau et la sécurité, ils ont suivi l’itinéraire classique qui commandait de s’élever sur les collines. Ce en quoi ils eurent raison car jamais l’actuel village ne fut envahi.
Aujourd’hui, l’axe de leur progression vers les sources et les positions inexpugnables est encore visible sur les photos aériennes, de la plaine du Bourrian à Belieu, de Villevieille à l’actuel village, ils ont suivi la crête de la colline au flanc de laquelle la montée de Coste Brigade reste encore le meilleur moyen de découvrir ce bijou qu’est le village de Gassin.

LA LEGENDE: GASSIN LE VILLAGE DES SORCIERES

D’où vient cette appellation assez curieuse, voire inquiétante ?

Il semblerait que la légende, parvenue jusqu’à nous par le bouche à oreille, ait subi les distorsions inhérentes à la relation du récit maintes fois répété au fil du temps.

A une époque fort reculée, alors que la peste ravageait les communautés de notre région, décimant les foyers riches ou pauvres, les habitants de Gassin, indemnes, délaissèrent le village accroché sur son piton rocheux pour se réfugier dans des lieux plus salubres où les miasmes méphitiques ne risquaient pas de les envelopper de leurs funestes exhalaisons.
Une très vieille paysanne que ni la crainte de l’épidémie ni la peur de la mort n’effrayaient, revint donner vie au village à sa façon.
D’abord parce qu’elle redoutait que quelques chemineaux mal intentionnés ne vinssent faire main basse sur ce qui restait dans les maisons mais aussi parce qu’elle voulait que son village s’animât ou donnât l’impression d’être habité.

Alors chaque soir, dès que le soleil déclinait, elle passait de maisons en masures éclairant ici une chandelle, là un bout de suif et surtout allumant un feu de bois dans chaque âtre et … c’est là le miracle ou l’origine démoniaque de l’appellation, elle transportait de maison en maison une poignée de braises dans les paumes réunies sans se brûler jamais !

Cela semble une banale histoire en apparence mais sans doute fallait-il être sorcière pour échapper chaque soir à la brûlure des charbons ardents.
Depuis ce temps les sorcières ont fui sur leur balai de bruyères. Quelques cheminées fument encore par ci par là, au dessus des toits engourdis par l’hiver.
Le confort douillet des maisons a chassé la poésie des feux de bois et personne ne pense plus à cette étrange créature qui se déplaçait furtivement dans les venelles du village abandonné, des tisons embrasés dans les mains.

CARTES POSTALES ANCIENNES